Question:
Le cinéma français est-il "condamné" à ne produire que des comédies populaires ou des films d'auteur ?
dionisosboy
2009-03-17 12:16:08 UTC
Entre les "Ch'Tis" et "Séraphine", le cinéma français n'est-il pa sun peu limité?
J'aime autant les comédies populaires que les films "d'auteur".
Pour autant, je trouve que le cinéma français n'est pas assez diversifié.
Certes, le polar connait un renouveau depuis "36, qui des orfèvres", 'Truands", ou encore "Mesrine", mais ce sont quelques succès ici et là..
Coté SF, c'est pareil, du reouveau : "Renaissance", "Chrysalis","Eden Log" mais cela reste un courant minoritaire.

Pour quelles raisons le cinéma françias ne met-il pas plus en avant le cinéma de genre : polar, SF, Fantastique, films historiques, films de guerre...
C'est dommage je trouve...
Qu'en pensez-vous?
Treize réponses:
TomB
2009-03-17 14:59:48 UTC
J'ai envie de dire que le problème (et ta réponse) se trouve un peu dans ta question : le cinéma d'auteur, en principe, ce n'est pas un genre, ni même un type spécifique de film. Je m'explique...



Autour des années 60, le cinéma a connu une série de nouvelles vagues (45-50 en Italie, 55-60 en France, 60 au Japon, 65 environ dans le reste de l'Europe et en Amérique du sud, 70 aux USA). Arrivés au début des années 80, la plupart des pays ont du faire un choix, suite à l'avènement de réalisateurs qui arrivaient à se passer du système des studios. Les USA ont opté pour garder un public commun : les auteurs d'alors (Scorsese, Coppola...) se sont vu offrir les moyens de faire de grands films populaires artistiquement forts. En France, on s'est résolu à une sorte de séparation, dans un refus du compromis qui peut aussi se comprendre.



Précision, tout de suite, avant de continuer : "auteur" c'est un terme souvent mal compris qui désigne un cinéaste qui imprime sa marque sur son film par la réalisation. C'en est "l'auteur" parce que c'est sa mise en scène qui fait que ce film est celui-là et pas un autre, qu'il est bon ou mauvais ; ça n'a rien à voir avec la popularité d'un film, ni son budget, ou encore le fait de l'avoir écrit soi-même (à l'époque ou le terme a été inventé, c'était même plutôt le contraire, vu qu'on utilisait le mot "auteur" pour parler d'Hawks ou d'Hitchcock).



Retour à la France des années 80 : le système de financement du CNC (qui permet à la plupart des films sérieux et travaillés d'exister, même sans promesse de rentabilité) est une chance mais aussi un piège : les auteurs se sont enfermé dans un système de production fauché alors que le cinéma populaire est tombé sous le pouvoir des télévisions. Depuis, un film populaire (et donc cher) ne peut avoir de l'argent qu'a condition que la chaîne qui va le diffuser y mette le prix. Mais ca impose un nivellage : tout ce qui ne peut pas passer en primetime à 20h30 est proscrit. Au delà de cette censure, ça amène aussi une esthétique liée à la vision décousue qu'on peut avoir d'un film à la télévision : pas de structure trop compliquée, une narration qui doit surtout se baser sur le dialogue, pas trop d'importance donnée au son, un travail de la lumière qui doit avant tout donner l'avantage à la lisibilité, etc. Ca a donné les comédies nulles dont tu parles, car elles peuvent utiliser la popularité des comiques venus de ces même TV tout en s'adaptant aux normes plates que demande ce genre de case. De l'autre côté, le reste du ciné français, comme en réaction à ça, a affiché sa différence de rythme, de narration, de durée, parfois jusqu'à ce que ça devienne de la pose arty : c'est l'explosion des auteurs français des années 90, et ca a profité à très peu d'entre eux au final.



On en arrive donc à une absurdité : Jean Paul Salomé, qui a fait trois films ET nuls (Belphégor, Arsène Lupin...) ET impopulaires (ce sont des bides), n'a aucun mal à trouver de budget pour son prochain. Pourquoi ? Parce que c'est un réalisateur qui rentre dans les exigences TV. Les deux univers sont cloisonnés, les réalisateurs talentueux se dépétrant dans des films de plus en plus pauvres et arides, les films populaires étant entre les mains de cinéastes formatés.





Revenons-en maintenant aux genres.



Ce qu'il faut savoir, c'est que la France a déjà fait du cinéma de genre, et très très tôt : Abel Gance a fait du film historique, Jean Epstein du film fantastique... Bien plus tard, Melville est devenu un maître du genre policier, Franju d'un certain cinéma d'horreur... Ce n'est donc pas incompatible avec le cinéma français (parce que le but, je crois qu'on s'entendra là-dessus, n'est pas de photocopier le cinéma de genre d'Amérique ou d'ailleurs, mais bien de créer un cinéma de genre propre au cinéma Français). Cependant, on voit bien que les quelques essais de films de genres français actuels donnent des films froids, démotivants, comme vidés de toute portée : c'est normal, leurs réalisteurs, très fans, ont pour seule ambition de faire "un film de genre" - ce qui est une absurdité ! On fait pas un film POUR faire un film de genre, ce n'est pas la démarche ni le fantasme qu'avaient les réals de films de genre de l'époque, en France comme aux USA.



Si tu regardes comment les genres américains sont nés, que voit-on ? Que ca n'était pas le but du tout au départ. Le cinéma d'horreur US par exemple... Tu as un vague courant gothique dans les années 20, et soudain deux réals, Tod Browning (Dracula) et James Whale (Frankenstein) qui à eux deux posent toutes les règles du genre. Or ces deux types ont fait autre chose que des films d'horreur dans leur carrière : c'est parce qu'ils sont des auteurs, de vrais réalisateurs, qu'au contact d'un pseudo-type de films ils ont créé un vrai genre, sans même le chercher ! Deux réalisateurs simplement inspirés de ce qui se faisait de meilleur à l'époque, c'est à dire le cinéma expressionniste qui n'avait rien à voir avec quelconque genre. Ils ont créé le genre parce que leur films étaient... bons ! C'est aussi bête que ça.



Et de même pour tout le reste : c'est "La chevauchée fantastique" de Ford, un film seulement, qui a réellement lancé tout le western ; c'est Busby Berckley et lui seul qui a inventé la comédie musicale ; c'est Capra et Lubitsch qui ont créé la sacro-sainte comédie hollywoodienne et tous ses codes pour 30 ans, alors que les deux ont fait d'autres films complètement différents (des drames historiques, des mélos, bref).



Là où je veux en venir, c'est que tant que l'ascenceur ne fonctionnera pas à nouveau en France, tant que Desplechin (au hasard) n'aura pas les moyens (et un climat favorable) pour faire un grand film populaire largement distribué, il n'y aura pas d'émulsion, aucun genre ne pourra renaître correctement, de façon forte et non artificielle. Il y a des trucs en germe pourtant : regarde "Trouble Every Day" de Claire Denis. C'est un film un peu difficile, mais c'était une proposition de film d'horreur passionante, qui aurait pu lancer un genre vraiment français, de film d'horreur français : si on avait eu à l'époque des auteurs à la tête des studios, on aurait probablement eu 10 films d'horreur géniaux et inspirés dans la foulée, et le genre aurait été lancé. Ce qui manque c'est simplement ce souffle !



Le plus bel exemple c'est l'Amérique : les plus gros budgets là-bas c'est Shyamalan, Mann, Spielberg, Burton, Gondry... tous ces auteurs BONS que les studios ont choisi parce qu'ils étaient BONS, et qui à quelque concessions près (un rythme plus soutenu, surtout) travaillent sur les plus gros projets sans qu'on leur mette trop de bâtons dans les roues. On oublie souvent que George Lucas, à la base, est un réalisateur de films expérimentaux : et bien résultat, on a après ça une trilogie de science-ficiton dont la pensée de montage a influencé tous les monteurs du monde (petits films indépendants comrpris) pour 20 ans ! Tant qu'on osera pas proposer en France aux réalisateurs audacieux de travailler sur de gros films (qui le fait actuellement ? Jeunet à la limite, mais il est produit par la Warner a présent), le film de genre français ne pourra jamais renaître - et le cinéma "d'auteur" restera alors ce "genre" bâtard qui n'en est pas un, mais qui n'est que le signe que de bons cinéastes se résignent à un public restreint et à une forme difficile par la force d'un contexte de financement schizophrène.

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OHEME13
2009-03-17 19:57:48 UTC
Par ce que c'est la base du cinema français qui est comme ca... De même que la base du cinema italien. Des origines du cinéma et des premiers films. Et ce depuis 60 ans...



C'est LE label France, la marque de fabrique. C'est dans les gènes, dans l'histoire du cinéma français. Je pense que c'est historiquement que se trouve l'explication.



Tu dois avouer que dans les genres que tu cites, le cinema français a peu d'égal. C'est ce qui fait son charme et sa renommé.



Mais c'est vrai que j'aimerais bien voir des prises de risques, des genres nouveaux, des ovnis, des coups de tonnerres dans ce monde stéréotypé du cinéma français. Personne ose vraiment. Et ce manque de prise de risque m'agace au plus haut point, car on est (serait) pas plus mauvais dans les autres genres que les américains par exemple...



Mais t'inquiète, je vais arranger tout ca.
Hades et Persephone
2009-03-18 13:36:40 UTC
Je ne suis pas aussi pessimiste que vous , je rajoute aja, laugier, Besson qui s'est malgré tout ouvert a l'international. Le probléme est qu'une production qui n'est que française n'aura que difficilement accés à des festivals international. Alexandre Aja est parti aux states, Besson est européen, Laugier a tourné Martyr au canada. Pourquoi , parce que les grandes écoles de cinéma sont encore dans un moule trés classique ou il est difficile de sortir une idée originale(par exemple la femis). Les producteurs ont peur de risquer et vont sur du facile, les chti ou ce genre de truc. Notre marché cinéma est en crise. Les français ne veulent plus sortir de chez eux et la sortie en salle ne représente que 20% du budget d'un film, le reste étant partagé entre les vidéoclubs 'marché qui s'effondre et les droits télé. D'ou d'ailleurs la critique sur les fameux pirates du web. C'est la chaine télé/vidéo qui représente un marché potentiel pas les salles
Happy_Evil_Dude
2009-03-18 10:04:28 UTC
Qu'appelles-tu:



36 Quai Des Orfèvres

A L'Intérieur

Anthony Zimmer

Arsène Lupin

Banlieue 13 1 & 2

Belphégor

Bon Voyage

Brocéliande

Chrysalis

Contre-Enquête

Dante 01

Diamant 13

Eden Log

Espion(s)

Fanfan La Tulipe

Gangsters

Go Fast

Gomez & Tavarès 1 & 2

Haute Tension

Inju, La Bête Dans L'Ombre

Jacquou Le Croquant

Jean De La Fontaine: Le Défi

La Boîte Noire

La Chambre Des Morts

Largo Winch

L'Empire Des Loups

L'Ennemi Intime

Le Concile De Pierre

Le Convoyeur

Le Deuxième Souffle

Le Nouveau Protocole

Le Pacte Des Loups

Le Premier Cercle

Le Roi Danse

Le Serpent

Les Brigades Du Tigre

Les Chevaliers Du Ciel

Les Enfants De Timpelbach

Les Femmes De L'Ombre

Les Fils Du Vent

Les Insoumis

Les Liens Du Sang

Les Rivières Pourpres 1 & 2

Mesrine 1 & 2

Michel Vaillant

Molière

MR73

Ne Le Dis A Personne

Nid De Guêpes

Pars Vite Et Reviens Tard

Pour Elle

Président

Promenons-Nous Dans Les Bois

Renaissance

Saint-Ange

Secret Défense

Scorpion

Sheitan

Truands

Un Lond Dimanche De Fiançailles

Vercingétorix

Vidocq

Wasabi

Yamakasi



Tous des films sortis dans les 9 dernières années. Et encore, ce ne sont qui me sont sortis de la tête comme ça et en comptant pas tous les films français tournés en anglais (tels Babylon A.D., Blueberry, Immortel et nombres de productions Besson comme Le Transporteur 1, 2 & 3, Taken, Danny The Dog ou Le Baiser Mortel Du Dragon). Donc en gros, les films sont là, ils sont en général plutôt bons (même si certains films listés sont assez bof), il reste donc juste d'aller les voir.
anonymous
2009-03-17 21:58:15 UTC
Et bien ça va venir.



N'oublions pas les "5ème élément", "Pacte des loups", "Grand bleu"... Le cinéma Français sort de plus en plus de cet intellectualisme de conservation du cinéma d'auteur.



En fait depuis l'énorme succès de la nouvelle vague Française (et Italienne) (Truffaut, Goddard...), certaines élites intellectuelles insistent sur ce trait lent et sentimentale du cinéma d'auteur. Et ils ont du mal à en sortir.



Seulement l'époque actuelle impose un peu de renouveau à notre cinéma. J'admire les films d'auteurs et tu as raison, il faut varier un peu. Mais progressivement on voit que ça bouge. Besson, malgré la qualité de ses films, est le premier producteur Eurasien, tu as les grands réalisateurs ambitieux (Jeunet, Annaud, Kassovitz, Richet maintenant).



Ensuite tu parles de Mesrine, mais honnêtement c'est l'un des 5 meilleurs films mondiaux de 2008, et que celui qui n'est pas d'accord m'enfonce un doigt.



Plus sérieusement, tu es sévère. Là où je te rejoins c'est sur le fantastique qui n'est pas assez exploité... Mais il ne faut pas oublier que le cinéma Français n'est pas que Séraphine, c'est Le pianiste, L'ours, Le nom de la rose, la cité des enfants perdus, Le transporteur, Timpelbach, etc... Ca progresse vachement.
Ginie
2009-03-17 19:40:37 UTC
Il y a des bons films qui sortent des catégories que tu as fixé et j'aimerais qu'on en fasse davantage.



Des comédies romantiques simples avec des répliques et/où des scènes cultes comme "Au suivant", "Mensonges, trahisons et plus si affinités..."



Des comédies déjantés, de l'humour noir: Louise Michel, Vilaine.



Des policiers, films noirs, on est plutôt bien servi, je trouve: Contre-Enquête, Le Serpent, Le Scorpion, Ne le dis à personne.



Le problème, c'est que voilà les deux derniers films qui ont le fait le + d'entrée, c'est Les Ch'tis et Les Bronzés 3 et que les films récompensés, c'est ce que tu appelles les films d'auteur. S'il faut changer à la fois le public et la profession, c'est mort.
Tengaar
2009-03-19 08:10:44 UTC
Cela coûte beaucoup moins cher de produire une bonne comédie qu'un bon film de SF (qui nécessite un travail sur les décors, les effets spéciaux etc.).



Conclusion : on donne pas de sous pour la SF. En plus depuis Star Wars, des films de SF qui marchent bien y'en a combien hein ??



PS : ça marche aussi avec les autres "sous-genres" peu "fédérateurs". La France est un petit marché et donc un genre minoritaire a beaucoup moins de potentiel en France qu'aux Etats-Unis où même une niche représentent un potentiel de spectateur très important.
zabou1208
2009-03-18 14:21:04 UTC
A croire que oui

Mais on ne va pas s'en plaindre, nous sommes les meilleurs en la matière.

D'ailleurs nos comédies s'exportent bien
anonymous
2009-03-17 23:19:26 UTC
Le cinéma de genre existe en France mais les distributeurs sont encore trop frileux. Des films comme Eden Log, Martyrs, Vynian, Frontieres, Haute tension, Ils, A l'interieur sont sortis dans peu de salles et sont passé presque inaperçus. Du coup des réalisateurs comme Alexandre Aja, Louis Letterier, Florent Emilio Siri, Mathieu Kassovitz, David Moreau et Xavier Palud acceptent les offres d'Hollywood de tourner des films (souvent des remakes)
vld666
2009-03-19 09:52:17 UTC
Quand le cinéma français s'attaque au au film d'action, ça donne "Nid de Guêpes", avec Sami Naceri. Je dirai pas que c'est nul parce qu'il y a certainement des personnes qui ont aimé, mais j'ai vraiment pas accroché.

Quand le cinéma français s'attaque au film fantastique, ça donne le truc avec Lambert Wilson dans une prison spatiale... et je me suis endormi pendant le film.
Yuuki
2009-03-17 19:40:29 UTC
Tout à fait d'accord avec toi.

Nos films, dont quelques uns sont bons il faut bien le dire, manquent d'envergure. Ils sont peut être à l'image des budgets qui sont accordés aux réalisateurs mais il y a peut être aussi un léger manque d'imagination.

En tous cas, pour ce qui est des téléfilms, non seulement il y a un manque d'imagination (c'est toujours un peu la même rengaine), mais le message est visible dès la 1ere minute du film et surtout (j'ai envie de répéter "surtout" 3 fois!), un manque de soucis du détail et de crédibilité. Le méchant est l'instituteur ou le pharmacien, et le gentil, le gars à l'accent de nos banlieues. On y glisse forcément (c'est presque obligatoire) 2 homos qui s'embrassent et les policiers font pratiquement partie des cellules de soutien psychologique. Bref, il faudrait que les réalisateurs sortent un peu de leur 16eme arrondissement pour voir la réalité de Trappes, de La Courneuve, ou de Mantes la Jolie. Ils verraient alors que leur film ne vaut pas "tripette"!

Ceci étant, il arrive qu'un JJ.Annaud, qu'un L.Besson nous sorte un très bon film mais combien d'autres méritent à peine les 9€ d'entrée + le prix du parking.....

Mais ils parait que si le cinéma perd des entrées, c'est à cause du piratage !!!! ?? C'est facile de le penser et surtout de s'en prendre aux internautes et puis : ça évite d'avoir à se poser les bonnes questions.
Nguex
2009-03-17 19:28:07 UTC
c'est vrai que le cinema francais est parfois un peu trop vieillot. mais certaines personnes comme Luc Besson pour lui donner un nouveau souffle avec son taken 5eme element et autres. mais la preuve que ca ne passe pas encore tout a fait est que le casting est loin d'etre majoritairement francais. mais je crois que le mouvement est en marche et qu'il y aura bientot plus de diversite en france.
Khonrad
2009-03-18 00:48:02 UTC
que ce soit en belgique ou en france il se fait de très bon film autres que "mon curé chez les nudistes" ou des trucs chiants comme "rosetta" mais quand on en voit un c'est par hasard ou presque ...

comme dit plus haut aucune promo et trop peu de salles pour ces films et donc les realisateurs se cassent faire de la soupe à l'americaine


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